Avant de commencer à lire cet article sur mon voyage dans les Balkans en 2019, allez lire mon article précédent dans lequel j’explique d’où m’est venu l’idée et comment j’ai préparé ce voyage.
Cet article est le dernier d’une série de 3 articles dans lesquels je fais le récit de mon voyage. Chacun des 3 articles est le récit d’une période d’environ 2 semaines.
J’entre enfin en Albanie, avant dernier pays du voyage. Je passerai un peu moins de 2 semaine au pays des Aigles. L’arrivée à Ohrid signifiera la fin de mon périple de 6 semaines. Je m’envolerai alors depuis la capitale balnéaire de la Macédoine du Nord pour rentrer en France, à Strasbourg…
- De Strasbourg à la Slovénie
- De la Bosnie-Herzégovine au Monténégro
- De l’Albanie à Ohrid
Lundi 12 août 2019 – Teth, en route vers les Alpes Albanaises
C’est l’heure du départ avec Hidde. Un taxi nous emmène à la périphérie de Podgorica, d’où nous commençons l’auto-stop. Le pouce à peine levé, une camionnette freine avec beaucoup de conviction à notre hauteur. Il n’avait visiblement pas envie de laisser passer sa chance de nous aider.
Le chauffeur de la camionnette nous emmène au prochain village. Le trajet fut court, et la barrière de la langue déjà présente. Du village, nous éprouvons plus de difficultés à arrêter une voiture. Les minutes défilent. Jusqu’à qu’une vielle berline Mercedes immatriculée en Albanie s’arrête. Mais l’homme nous demande de l’argent pour nous ramener en Albanie : 5€. Payer ne faisant pas partie de nos principes d’auto-stoppeurs, nous refusons.
Quelques minutes plus tard, une nouvelle Mercedes, cette fois-ci quasi-neuve et toujours immatriculée en Albanie, s’arrête. Nous sommes méfiants et pensons qu’à nouveau nous avons affaire à un « taxi ». L’homme ne parle pas anglais. Avec les quelques mots d’Albanais que j’ai appris, je tente de m’assurer qu’il ne demande pas d’argent. J’ai du mal à le comprendre, mais je crois que la réponse est non. Nous embarquons.
Ma méfiance partie, j’apprécie à présent ma première rencontre avec un Albanais. Nous sommes malheureusement restreints à discuter en langage des signes. Au son de chansons albanaises, nous avançons à vive allure.
Arrivés au poste frontière, la file de véhicules est longue. Nous sommes arrêtés à une centaine de mètres du barrage. Notre chauffeur nous montre son passeport, rempli de tampons de douanes. Il passe visiblement très régulièrement la frontière. Il nous demande alors de lui passer nos passeports, et s’en va à pied vers le poste frontière avec nos précieux documents. Nous le voyons discuter au loin avec les douaniers.
A son retour, il redémarre le véhicule. Nous doublons tous les véhicules et passons la douane sans discussion. Une bien drôle de situation, il faut croire qu’il existe des passes VIP pour la frontière albanaise.
Mais l’essentiel est là, nous sommes enfin en Albanie ! Notre chauffeur nous conduit encore jusqu’à Koplik, ville au carrefour de la route vers Theth. Une fois arrivés, il nous laisse partir, grand sourire aux lèvres. Il nous a donc bien conduit jusqu’ici, sans nous demander de l’argent. Hourra !
Avant de repartir vers les montagnes, nous faisons escale dans la ville pour remplir nos porte-monnaie de lekë albanais. A la recherche d’un automate, nous rejoignons le centre-ville. Nous sentons alors que nous sommes passés dans un tout autre monde. Il y a beaucoup de gens dans les rues, dont bon nombre se rencontrent et discutent. C’est fascinant à voir. D’ailleurs, nous attirons rapidement la curiosité des gens avec nos gros sacs sur le dos et nous nous faisons rapidement interpeller pour discuter un peu.
Nous en profitons également pour remplir nos gourdes dans un bar. Nous sommes reçus comme de bons vieux amis, le patron cherchant alors un interlocuteur anglophone dans le bar. Nous discutons alors, pendant que nos gourdes sont achalandées, avec ce sourire albanais devenu déjà familier.
Il est temps de reprendre la route après cette bouffée de socialisation. Deux jeunes hommes à bord d’un fourgon pas très bien entretenu s’arrêtent et proposent de nous avancer pour 10€. Ils sont décidemment très commerciaux les Albanais. Nos principes n’ont toujours pas changé, nous refusons.
Quelques minutes plus tard, c’est une famille albanaise dans une voiture immatriculée en Belgique qui s’arrête. Nous occupons les deux places restantes à l’arrière. La femme s’est expatriée en Belgique depuis plusieurs années. Elle parle flamand, et Hidde s’en donne alors à cœur joie pour faire la discussion.
Ils nous avanceront encore un peu plus en faisant un détour expressément, et nous retrouvons dans un tout petit village. Nous nous enfonçons dans la montagne, et les voitures deviennent rares. Les deux jeunes hommes à bord de leur fourgon repassent devant nous. Le prix a baissé de moitié, c’est maintenant 5€ ! Nous refusons une fois de plus.
Quelques bonnes minutes plus tard, une voiture immatriculée en France s’arrête sans même que nous le remarquions. Arrêté derrière nous, le chauffeur vient vers nous pour nous avertir. D’origine albanaise, Alex parle un excellent français. En effet, il réside et travaille à Belfort depuis plusieurs années. Il est avant tout originaire de cette région montagneuse d’Albanie qu’il connait comme sa poche. Le tourisme se développe ici depuis 2 ans, et Alex en a vu l’opportunité. Il possède un nombre incalculable de maisons pouvant lui faire gagner un joli pactole. Pour lui, c’est avant tout une opportunité pour enfin retourner vivre dans son pays, proche de sa famille, avec un travail et une bonne rentrée d’argent. L’histoire est belle !
Alex nous ramène sur les hauteurs de Theth, d’où il nous donne ses dernières instructions pour rejoindre le village en contre-bas. La route devient maintenant impraticable, beaucoup de voitures s’arrêtant au parking à ce niveau-là. Après plusieurs minutes de marche, une très vielle berline Mercedes s’arrête. Nous ne faisions pourtant pas de l’auto-stop. Je m’assure en lui demandant « Ne lek » (« Pas d’argent » en français), et nous montons. C’est en fait un habitant de Theth qui était parti faire les courses et qui nous accueille gracieusement à bord, toujours avec ce sourire typique.
S’en suivent 30 longues minutes de route pénible, entre nids de poules, nombreux virages, poussière aveuglante et surtout une voiture qui glisse à chaque coup de frein. Il faut une sacrée expérience pour maîtriser cette route.
Nous arrivons au village. Après de tumultueuses recherches, nous trouvons notre maison d’hôte pour la nuit. Nous sommes alors à Theth, un petit village de montagne isolé de tout, et même carrément inaccessible en hiver. Si nous sommes ici, c’est pour réaliser une randonnée assez populaire, qui nous permettra de rejoindre Valbonë, de l’autre côté du massif montagneux en traversant le fabuleux Parc National du même nom.
Mardi 13 août 2019 – Valbonë, le franchissement d’une montagne à pied
Hidde et moi quittons nos merveilleux hôtes, qui nous auront régalés à tous les repas. Pour rejoindre Valbonë, nous devons parcourir à pied une quinzaine de kilomètres. Mais surtout, nous devons franchir un massif montagneux qui nous réserve de belles vues.
La vallée de Teth est très verte. Les arbres nous couvrent du soleil. Après quelques heures de haute montée, nous commençons déjà à apercevoir des panoramas magnifiques sur cette majestueuse vallée, qui s’étend tout en longueur. Quelques fois nous croisons des vaches qui se promènent dans la forêt, appartenant à des paysans isolés dans la montagne. Et d’autres fois nous croisons des randonneurs venus de Valbonë. En dehors de ces rencontres, le calme de la nature est omniprésent et reposant.
Au bout de nos efforts de grimpeur, nous arrivons au sommet. De là, ce ne sont plus les mots, mais les yeux qui parlent. Nous sommes émerveillés par cette vue à 360°C sur la chaîne de montagne s’étendant à perte de vue. D’un côté se trouve la vallée de Theth, d’où nous venons, et de l’autre la vallée de Valbonë, notre objectif.
Place maintenant à la descente, moins consommatrice d’énergie et plus propice à la discussion. La dernière étape de notre randonnée se révèle spectaculaire. Nous marchons sur le lit d’une rivière qui est totalement asséchée en été. Les cailloux sont d’une telle blancheur qu’ils nous éblouissent. Les lunettes de soleil sont indispensables si l’on ne veut pas finir aveugle.
Arrivés à Valbonë, nous remarquons que l’ambiance n’est pas la même qu’à Theth. Ce village est en effet desservi par une route en asphalte, permettant un plus grand développement du tourisme, notamment caractérisé par de nombreux complexes hôteliers. Nous rejoignons notre chambre d’hôte qui sonne la fin de cette sublime randonnée.
Je ne pensais pas que l’Albanie avait des montagnes aussi grandioses, une nature si belle. Je suis ravi de le découvrir, et de le partager avec Hidde. Il est un formidable partenaire de voyage, nous passons de très bons moments ensemble. Nous avons beaucoup de points communs et la même vision du voyage. C’est une chance de l’avoir rencontré !
Mercredi 14 août 2019 – Shkodër, mes premiers pas dans une ville albanaise
C’est en ce mercredi qu’Hidde et moi nous quittons. Hidde a envie d’aller visiter le Kosovo, tandis que je préfère découvrir au maximum l’Albanie. Mais une chose est sûre : nous nous reverrons dans quelques jours à Tirana !
L’ami néerlandais prend alors le bus pour rejoindre la frontière, tandis que je rejoins le terminal portuaire sur le lac Koman. Sur place, alors que je m’assois pour prendre un café, deux jeunes néerlandais m’interpellent et nous commençons à discuter. Je viens à peine de quitter un Néerlandais que j’en rencontre à nouveaux !
Le ferry ne tarde pas à arriver. A bord, nous jouissons d’un agréable trajet sur le lac Koman, qui s’apparente à une longue et large rivière dans des creux de falaises sinueuses.
L’arrivée en ferry est des plus anecdotique. Pendant plus d’une dizaine de minutes, le personnel de bord tente d’empiler astucieusement des rochers de taille différentes, cherchant la combinaison parfaite pour avoir une plateforme à peu près stable pour faire sortir les véhicules du ferry. Cette méthode me surprend autant qu’elle me fait rire. Je dirais qu’elles sont simplement différentes en Albanie.
Un trajet en bus plus tard, me voilà arrivé au centre-ville de Shkodër. Cette ville rayonne et me fait déjà sentir que je vais me plaire ici. Je suis tout de suite interpellé par trois clochers religieux qui se côtoient parfaitement, provenant d’une église orthodoxe, d’une église catholique et d’une mosquée. Shkodër se montre tolérant dans la mixité des religions. Je quitte les frères néerlandais et me dirige vers l’auberge.
La nuit tombée, après avoir dégusté une excellente assiette de grillades dans un populaire grill albanais, je m’en vais déambuler dans les rues de Shkodër. Les clochers à présent éclairés se distinguent parfaitement dans le ciel. Il est vraiment agréable de se balader dans cette ville pleine de charme. Le centre-ville est majoritairement piéton et offre de belles ruelles pavées. Au détour de l’une d’elles, je me fais interpeller par mon prénom. Les frères néerlandais, alors sur la terrasse d’un bar, m’ont repéré !
Je les rejoins et nous papotons autour de plusieurs bières jusqu’à tard dans la nuit. Le gérant du bar commence à fermer son bar, mais nous invite à rester sur la terrasse et à continuer à nous ravitailler à l’épicerie d’à côté tenue par son frère et qui restera encore ouverte un moment. Encore une fois, les méthodes sont simplement différentes en Albanie !
Jeudi 15 août 2019 – Shkodër, une journée de repos et un témoignage poignant
Ce matin-là, j’aurais sûrement mangé le meilleur petit-déjeuner du voyage. Rien à voir avec des produits achetés au supermarché et rassemblés sur une table comme on peut le voir dans de nombreuses auberges. Non, ici la propriétaire prend le temps de tout faire maison chaque jour à partir de produits provenant de paysans de la région. Elle en est fière, et c’est un vrai régal !
Durant la journée, je participe à un « Food & Drink tour » avec Antonio, un local qui fait le guide. Je serai en réalité en tête-à-tête avec lui, mais ce fut loin d’être inintéressant. Bien sûr, nous ferons le tour des bars, boulangerie, restaurants, cafés et pâtisseries de la ville pour découvrir toutes les spécialités. Mais ce tour prend rapidement une tournure de sortie entre amis complices. Ma grande curiosité amène Antonio à se confier à moi. Il me parle de ses dépendances à l’alcool et à la drogue, et des difficultés financières rencontrées en Albanie en général. Le tourisme est pour lui, comme pour de nombreuses autres personnes, une aubaine. Il m’a d’ailleurs partagé un drôle de paradoxe : son père, instituteur dans une école, gagne presque 3 fois plus que sa mère, médecin généraliste. Telle est l’Albanie. Un pays où les inégalités et la corruption sont encore très marqué.
Ce témoignage et ses confessions me touchent tristement. Ce sont hélas des problèmes que rencontrent beaucoup de personnes dans les Balkans occidentaux. Un contexte dans lequel les jeunes ont du mal à se trouver. Les plus chanceux arriveront à s’expatrier, les autres devront se battre pour surmonter les difficultés économiques locales…
Vendredi 16 août 2019 – Shkodër, une journée à la plage et une belle rencontre inattendue
Je ressens aujourd’hui une forte envie de bouger. Ça tombe bien, on m’apprend lors du petit-déjeuner que la mer ne se trouve qu’à quelques kilomètres d’ici. L’occasion pour moi de rencontrer une étendue d’eau plus grande qu’un lac pour la première fois en 5 semaines.
Mon pouce levé au bord de la route fait réagir la seconde voiture passant devant moi. Un jeune homme à l’allure décidemment soigné m’invite à bord de sa Peugeot 206. Il parle à ma plus grande surprise un excellent anglais. Nous filons tout droit vers la mer. De son côté, il s’y rend pour accueillir des voyageurs dans son logement en location sur Airbnb. Mais il me propose de se retrouver d’ici une heure, appréciant vraisemblablement ma compagnie. Tout autant que j’apprécie la sienne également.
Je me balade alors le long de la plage, profitant de cette belle mer Adriatique. Je remarque que l’on retrouve ici beaucoup Kosovars et d’Albanais venus en famille profiter des vacances d’été. Quelques minutes plus tard, mon téléphone connecté en Wi-Fi à la terrasse d’un café et en partage de localisation, Gerti finit par me retrouver dans le dédale de cette station balnéaire. Nous partons nous balader.
Gerti a le même âge que moi : 21 ans. Il fait beaucoup de choses dans sa vie, jonglant principalement entre ses études de dentiste et sa passion lucrative du mannequinat. Comme tous les Albanais, il reconnaît la misère économique de son pays et qu’il est dur d’être jeune dans un tel pays. Mais il m’affirme tout mettre en œuvre pour s’en sortir le mieux possible. Il est indéniablement rempli de force et de courage.
Nous passerons toute l’après-midi ensemble. Après s’être baladé le long de la plage, il m’emmène au lac de Shkodër prendre un café en terrasse. Il me parle alors de toute l’histoire de l’Albanie et de la situation actuelle. Je ressens une grande fierté pour son pays dans sa voix. Et surtout, une volonté de le faire connaître. C’est véritablement un cadeau d’être en ce moment même avec lui et d’en apprendre autant directement d’un natif du pays. Notre discussion n’en finit pas, et nous aurons finalement passé toute la journée avec ensemble.
Samedi 17 août 2019 – Tirana, d’un trajet en train atypique à l’élite Albanaise en Ferrari
C’est sûrement un des jours que j’attendais avec le plus d’impatience. Depuis le début, j’avais cette idée d’expérimenter le train dans chaque pays que je traversais (bon pour la Bosnie-Herzégovine c’est manqué). Et celui qui me donnait le plus envie, c’était bien le train albanais. Et ce n’est pas pour ses qualités (lesquelles d’ailleurs ?), au contraire ! C’est pour ses défauts.
J’ai donc choisi de prendre le train au départ de Shkodër pour me rendre à Tirana. La veille, j’ai tenté tant bien que mal de me renseigner sur les horaires du train. Le problème, c’est qu’il n’y a aucun renseignement sur Internet, ni à l’auberge. Alors je m’étais rendu dans la nuit à la gare pour les voir, mais plusieurs affichettes collées sur le mur se contredisaient. Allez donc savoir quand le train part.
Je tente de m’y rendre ce matin à l’horaire la plus tôt. Je découvre alors le bâtiment de la gare de jour, qui est visiblement abandonnée depuis plusieurs années. Tout est délabré, les plafonds sont même moisis et elle est surtout clôturée et vide de monde. Sur le quai, je rencontre seulement le conducteur, la contrôleuse et 3 Albanais prêt à embarquer. Je me décharge d’1 petit euro pour obtenir l’autorisation de monter à bord.
Le train n’est pas mieux entretenu que la gare : vitres cassées, sièges déchirés et surtout des portes et des fenêtres qui ne se ferment plus bien. Bienvenue dans le train albanais, le réseau qui ne fonctionne que par la bonne volonté des locaux, où l’Etat n’y met plus un sou. Tant que le train et les voix sont fonctionnels, le train circule. Et quand le train ou les voix seront cassés, rien ne sera réparé. Et le train albanais sera mort. En 2019, il circule à raison d’une fois par jour sur cette ligne.
C’est une vraie volonté de ma part de prendre le train pour aller à Tirana. A 20 km/h, il aurait été plus rapide que je passe par la route avec le bus ou de l’auto-stop. Là, je m’aventure dans un train bringuebalant et lent. Seul dans le wagon, j’admire paisiblement le merveilleux paysage qui défile lentement devant mes yeux. Le train traverse l’Albanie dans toute sa longueur nord, entre mer et montagne sur une plaine campagnarde d’un charme incomparable.
C’est vraiment sans aucun regret que je vis cette expérience qui m’a tant été déconseillée. La fille de l’auberge allait même jusqu’à m’interdire de le prendre. On me parlait de manque de confort ou d’une véritable perte de temps, mais c’est ce genre d’expériences atypiques que je recherche.
Après plus de 4 heures de trajet, la contrôleuse du train vient m’indiquer que nous sommes en périphérie de Tirana et que je peux sortir. De là, un bus m’amène au centre-ville de la capitale, direction l’auberge de jeunesse où je resterai quelques jours.
Je me balade le soir dans cette grande capitale qui semble désorganisée mais pour autant très moderne, contrastant alors beaucoup avec le reste de l’Albanie.
Toujours avide de curiosité, je me rends dans le quartier très huppé de « Blloku ». C’est samedi soir, et je me retrouve au milieu de ce que l’on surnomme « le terrain de jeu de la jeune élite albanaise ». Bars branchés, voitures hors de prix et vêtements de luxe, voici un niveau de vie très exclusif et totalement incohérent avec ce que vit la grande majorité des Albanais.
Dimanche 18 août 2019 – Tirana, une journée bien calme dans cette perturbante capitale
Un séjour à Tirana ne peut malheureusement pas se caractériser de tourisme culturel ou naturel. En dehors de quelques éléments d’histoires, il n’y a pas grand-chose à voir dans cette capitale. Elle est plutôt l’expression de la profonde inégalité qui règne en Albanie. En tout cas, c’est ce qui me frappe le plus.
Un exemple supplémentaire peut être le centre commercial flambant neuf et rempli de boutiques de haute-couture italienne. Bien évidemment, ce n’est pas ici que l’on voit foule. On ne retrouve à nouveau que la très petite élite du pays.
L’après-midi signe les retrouvailles avec mon ami Hidde de retour du Kosovo. On se retrouve une fois de plus à discuter de la vie et du voyage en solo à la terrasse d’un café. La journée se terminera en buvant des coups avec d’autres voyageurs à l’auberge.
Lundi 19 août 2019 – Himarë, en route vers le plus bel endroit de l’Albanie
Je change aujourd’hui de lieu de séjour. Attention, c’est la deuxième fois de mon périple en auto-stop que je vais tricher. Il me semble que sortir de Tirana n’est pas tâche facile, de plus que le trajet jusqu’à Himarë s’annonce assez long.
Je me dirige alors vers le terminal de bus qui est une vraie cacophonie. Sur une toute petite place de parking, on retrouve une multitude de bus desservant presque toutes les destinations du pays et environs. C’est un joyeux désordre qui a pourtant l’air de fonctionner. Ça relève du talent.
Je monte à bord d’un mini-bus d’une quinzaine de places, si caractéristique de l’Albanie. Avec en prime une programmation musicale des plus locales, toutefois ponctuée d’artistes internationaux et francophones comme Soolking ou Aya Nakamura. Cette dernière a vraiment l’air d’être bien apprécié en Albanie, ce n’est pas la première fois que je l’entends ici.
Après quelques heures de route, nous entrons enfin dans la « Riviera albanaise », une destination qui signifie beaucoup pour moi. Comme mentionné dans mon article précédent cette série de récits, l’Albanie fut pour moi l’objectif et ma motivation principale pour ce voyage. Et j’avais alors pu découvrir en le planifiant les paysages paradisiaques de la Riviera albanaise sur la mer Ionienne.
Et un lieu en particulier avait retenu toute mon attention. Il m’a paru d’une si grande beauté, que sa découverte en est devenue pour moi un « paradis rêvé ». Mais ça, ce sera pour demain.
Arrivé à Himarë et mon sac déposé, je me mets directement en quête de belles plages. Il faut pour cela que je m’éloigne de cette station balnéaire bondée, malgré sa belle petite allure de village côtier. Mes efforts sont vites récompensés et j’arrive sur une plage sympathique composée de galets et d’une belle eau cristalline. La fréquentation est des plus basse, profitant au même moment du soleil qui ne tarde pas à se coucher. Qu’il est bon de profiter de ce genre de moments… Même que j’aurai tellement tardé, que la nuit fut tombée et que mon retour à l’auberge se fera à travers une forêt obscure timidement éclairée par la lune et le flash de mon téléphone.
Mardi 20 août 2019 – Himarë, à la découverte de ce paradis tant rêvé
Aujourd’hui est un grand jour. C’est aujourd’hui, que je vais pouvoir enfin découvrir ce lieu si particulier qui hante mes rêves. Je parle de « Gjipe Beach », elle-même surmontée par le « Gjipe Canyon », et il est l’heure que je vois tout ça de mes propres yeux. Ce lieu est en fait très souvent utilisé pour illustrer la Riviera albanaise. De la même manière que Paris est souvent illustré par la tour Eiffel ou Strasbourg par la Petite France.
Et pour me rendre à ma destination du jour, je ne vais même pas avoir besoin de lever mon pouce. A peine sorti de l’auberge, je croise un couple d’italiens en train de remplir le coffre de leur voiture de location. Ni une ni deux, je leur demande où est-ce qu’ils se rendent. Et bingo, nous allons au même endroit ! Une petite hésitation traverse Léonardo et Erika, se regardant dans le blanc des yeux et se demandant si c’est bien raisonnable d’accepter un inconnu dans leur voiture. Mais après une petite réflexion, ils m’acceptent finalement à bord.
Je me fais déposer sur la route principale, et je retrouverai mes nouveaux amis italiens plus tard sur la plage. Pour rejoindre Gjipe Beach, je décide en effet de passer par le petit chemin de randonnée, ce qui me permettra d’admirer le canyon du même nom. En m’approchant de celui-ci, je sens une agréable fraîcheur qui remonte de cette longue faille. On entend également le chant des oiseaux dans le canyon, qui résonne et qui crée un écho magique.
Un élément qui m’a particulièrement amusé sur ce chemin de randonnée fut une petite plateforme qui permet de se retrouver au-dessus du vide du canyon. Et pour rendre l’expérience plus impressionnante, ils ont tapissé le sol de cette plateforme de vitres. Mais il s’avère que ces vitres n’ont pas tenu et sont aujourd’hui tout bonnement cassées. L’accès à la plateforme est toujours possible, il faut cependant faire attention à où l’on met les pieds.
Après quelques minutes de marche, j’aperçois enfin la plage, le graal. Je suis tout excité ! Elle est enfin là, devant mes yeux ébahis, cette plage tant rêvée. La mer Ionienne est si belle et si cristalline qu’on en voit l’ombre des bateaux sur le fond. Un paysage vraiment magique et inoubliable.
Arrivé sur la plage, je retrouve le couple d’italiens. Leonardo a vraiment l’air enjoué de ma présence. Il m’explique qu’il se sent fier d’avoir pu m’aider, d’avoir pu dépasser ses peurs d’inviter un inconnu dans sa voiture et de faire confiance. Nous discutons un bon moment tout en profitant de la mer. Puis il est l’heure des aurevoirs, je repars en direction de l’auberge.
Mais j’aurai fait la grande erreur de me lancer le défi de rentrer à pied en longeant la côte. Le soleil est en effet écrasant alors que je n’ai plus d’eau dans ma gourde. Chose pas très maline quand il faut en plus de cela produire un effort dans les montées. Et au bout d’un moment, ce chemin que j’avais repéré sur la carte se révèle impraticable et même invisible. Je me fraie alors mon propre chemin et j’arrive tant bien que mal à rentrer à Himarë, épuisé.
Sans aucune surprise, les effets de l’insolation ne se font pas attendre. Je passerai ma soirée à m’en remettre, et me couche ainsi très tôt. Mais alors qu’il n’est que 21h, une Américaine rejoint le dortoir et une discussion improbable débute. Chacun sur nos lits respectifs, dans le noir, nous papotons… en français. C’est assez rare de trouver un natif américain parlant français.
Mercredi 21 août 2019 – Berat, une incroyable journée d’auto-stop express
Moins de 48h après mon arrivée dans la Riviera, je pars vers une nouvelle destination. Toutes les belles choses ont une fin, surtout une fin très rapide quand on n’arrive pas à faire un choix et qu’on veut tout visiter. Je serais bien encore resté dans la Riviera pour découvrir d’autres petits coins de paradis ou simplement pour profiter de l’endroit, mais dans le même temps je ne voulais pas manquer Berat.
Il est 10h, j’entame aujourd’hui ma première vraie journée d’auto-stop en Albanie. Voyons voir si les Albanais sont enclins à accueillir un inconnu dans leur voiture (et voyons voir si je vais me faire racketter/kidnapper/tuer [insérez tout autre pensée pessimiste sur la sécurité en Albanie]).
A la sortie d’Himarë, en quelques secondes, je rencontre un premier conducteur, ingénieur civil de métier qui se rend à son travail à Palasë pour la construction d’un énorme complexe hôtelier. Il me confie que ça ne le réjouit pas non plus. Il vient de la région et il est attaché au beau paysage naturel de la Riviera. Et son travail consiste malheureusement à en retirer une partie pour la bétonner. Mais il me dit qu’en Albanie il est si difficile de trouver un travail qu’on ne peut pas en refuser un, peu importe l’avis que l’on peut avoir des conséquences de ce travail.
Mon deuxième chauffeur du jour, toujours trouvé rapidement et toujours albanais, ne maîtrise que l’italien en langue étrangère. Et ne maîtrisant personnellement que l’espagnol seconde langue latine, nous arrivons à nous débrouiller de la sorte. Je l’écoute parler en italien, les mots se devinent. Et je lui réponds en espagnol, arrivant lui aussi à déchiffrer ce que je lui raconte. Le système est parfait ! Nous papotons alors un peu pour en découvrir sur l’autre.
Déposé à la sortie de la grande ville de Vlorë, une camionnette Mercedes blanche d’un autre siècle ne tarde pas s’arrêter sous l’effet de mon pouce levé. Marko n’a pas de langues étrangères à son arc, mais possède un sourire et un enthousiasme contagieux. Pas besoin de parler la même langue pour communiquer ! Je remarque rapidement que Marko a d’ailleurs une conduite très sportive et pas adapté au véhicule dans lequel nous sommes. Nous fonçons à toute vitesse sur l’autoroute, bien au-delà des limites et à presque 150 km/h. Il prend un malin plaisir à me faire peur en négligeant les distances de sécurité, en dépassant une fois par la gauche et une fois par la droite bandes d’arrêt d’urgence comprises, et surtout en positionnant les roues de la pauvre camionnette sur les nombreux nids de poules qui jalonnent cette route. J’en aurai vu de toutes les couleurs. Ça fait d’ailleurs rire Marko aux éclats et j’aurai vécu une expérience pour le moins mouvementée !
Le conducteur suivant sera lui plus discret et plus appliqué sur la route. Il souhaite sûrement montrer l’exemple à son jeune fils qui nous accompagne. Nous parlons très peu, mais je sens qu’il a cœur à me rendre service, en témoigne son large sourire.
Et enfin, à plus que quelques kilomètres de Berat, le dernier bout de chemin se fait dans une luxueuse Mercedes Classe E, accompagné de 3 jeunes Albanais. Nous nous dirigeons tranquillement jusqu’à Berat, la musique et le confort sont assurés. Je me fais déposer au centre-ville, alors que mon téléphone affiche qu’il est seulement 14h. Avec 5 chauffeurs différents aujourd’hui, mon temps d’attente cumulé ne dépasse pourtant pas les 15 minutes. Quelle efficacité ! Quelle rapidité ! L’auto-stop s’avère vraiment aisé en Albanie. Ce que je retiendrais avant tout aujourd’hui, ce sont ces sourires et ces volontés de m’aider qui auront primé sur tout.
Plus tard dans la journée, une fois de plus, je retrouve Hidde, mon grand ami de ce voyage. Mais cette fois-ci, nous savons que ce sera la dernière fois que nous nous verrons. Alors pas question de perdre du temps, nous partons directement boire une bière, comme de vrais Beratas, sur le Bulevardi Republika. Il faut savoir que ce boulevard est le cœur de l’animation de Berat. Tous les soirs dès 18h, les pavés de cette très longue avenue entièrement piétonne deviennent un lieu de rencontre incontournable des locaux qui viennent déambuler entre amis ou en famille.
Nous passons alors toute notre soirée à discuter, boire et surtout nous nous faisons une orgie de divers mets albanais. Tellement que je ne peux même plus bouger à la fin de la soirée pour rentrer à l’auberge. Je m’allonge directement sur un banc, Hidde s’amusant des effets de mes excès. Nous nous quittons là-dessus pour ce soir, Hidde partant tout sourire et moi contemplant le ciel.
Jeudi 22 août 2019 – Berat, découverte de cette ville riche en histoire et en fenêtres et dernier jour du voyage avec Hidde
Nous nous retrouvons le matin avec Hidde pour un Free Walking Tour. Bien que Berat ne soit pas une ville très courue par les touristes, il y en a tout de même un. Nous sommes donc ce matin 4 personnes à être au rendez-vous du guide Bruno.
Berat, fondée il y a plus de 2 500 ans, est une des plus vielles villes d’Albanie. Comptabilisant aujourd’hui 60 000 habitants, son histoire est pour autant extrêmement riche. Si riche qu’il lui faudrait un article dédié, mais un article si grand qu’on appellerait ça un dossier. Ce qu’il faut retenir, c’est que malgré sa petitesse comparée aux autres villes du pays, Berat a joué un rôle crucial de forteresse durant de nombreuses époques. Originellement fondée par les Illyriques, elle a ensuite entre autres appartenu aux Romains, Byzantins, Slaves, Bulgares, Napolitains, Albanais, Ottomans et mêmes aux Allemands durant la Seconde Guerre mondiale.
Forte de son riche passée, Berat est une ville sublime qui nous amène dans un autre temps. Plusieurs éléments lui donnent ce charme unique et incomparable : sa citadelle composée de maisons blanches aux grandes fenêtres, lui donnant d’ailleurs son surnom de « ville aux milles fenêtres », son château Kala perché au-dessus de la ville depuis lequel on jouit d’un panorama incroyable sur toute la région ou encore sa vieille ville inscrite au patrimoine mondiale de l’UNESCO comprenant le célèbre boulevard piéton. Tout simplement impressionnant.
Après cette belle balade et un dernier déjeuner rapide avec Hidde, il est maintenant l’heure des au revoir. C’est fou comme d’une simple rencontre à Mostar en Bosnie-Herzégovine, puis d’une coïncidente retrouvaille à Žabljak au Monténégro, nous nous sommes finalement retrouvés à voyager ensemble pendant plus d’une semaine. Et que cela soit de près ou de loin d’ailleurs, car l’on avait chacun nos envies de destinations. Elles étaient parfois communes et d’autres fois nous avions nos envies respectives. Mais on avait toujours à cœur de se retrouver, et nous avons réussi à le faire. C’est précisément ça que j’ai apprécié dans mon voyage avec Hidde.
J’en suis tellement reconnaissant d’avoir pu vivre une partie de mon voyage avec lui. Il va me manquer. Et c’est avec un pincement au cœur que je le vois partir dans ce bus l’emmenant vers le sud de l’Albanie en direction de Corfou où un avion le ramènera aux Pays-Bas…
Je passerai le reste de mon après-midi à me reposer à l’auberge, la température étant bien trop excessive. En début de soirée, il règne à Berat une atmosphère fraiche et détendue. Sur le pont Gorica, je contemple la ville. Repérant un point de vue en haut d’une colline, je décide de m’y rendre en espérant pouvoir apprécier le coucher de soleil.
Les efforts pour la montée ont valu le coup. Le soleil se couche peu à peu sa couleur tirant de plus en plus vers un bel orange, tandis que la ville s’illumine peu à peu en contrebas. Je commence à entendre de la musique émaner de la ville et qui semble provenir en réalité d’un festival. Je descends de la montagne pour rejoindre au plus vite les festivités.
La musique bat son plein, les artistes défilent et ont chacun l’air de faire l’unanimité du public. Peut-être suis-je entrain de voir de grandes stars de la musique albanaise, mais je n’en ai malheureusement pas la moindre idée si tel est le cas. En tout cas, les locaux font la fête comme jamais : ils dansent, chantent, boivent. L’ambiance est joyeuse, et mes tympans souffrent. Je crois en effet qu’il n’y a pas de limite de décibels pour les enceintes en Albanie. Mes oreilles bourdonneront toute la nuit.
Vendredi 23 août 2019 – Ohrid, l’atteinte de ma destination finale en Macédoine du Nord
A la vue du succès rencontré en auto-stop pour arriver jusqu’à Berat, c’est sereinement que je reconduis aujourd’hui l’expérience pour me rendre à Ohrid. Il me faudra parcourir 160 km sur des routes pas toujours très fréquentées. Le départ se fait tôt comme à mon habitude pour faire face aux imprévus. Je suis à la sortie de Berat, une première voiture s’arrête. Deux copines Italiennes en vacances m’avancent volontiers. La première étape du voyage est de rejoindre Elbasan et pour se faire je décide de couper la campagne albanaise par de petites routes. Je me fais alors rapidement déposer à l’entrée de cette campagne, les Italiennes allant vers Tirana.
Un second conducteur ne se fait pas attendre. Très sympathique, il ne comprend pour autant pas ma démarche à faire de l’auto-stop. En entendant que je souhaite me diriger vers Elbasan, il décide de me déposer au terminal de bus du village suivant. Je dois maintenant sortir du cœur du village pour continuer l’auto-stop.
Un petit trajet par un troisième chauffeur me placera sur la bonne route en direction d’Elbasan. Rapidement, une famille Italienne s’arrête à ma hauteur. Je vois qu’il n’y a pas trop de place dans la voiture et ils me disent qu’ils s’arrêtent au prochain village. Mais la femme insiste pour que je monte, sentant qu’elle a à cœur de m’aider et de me faire gagner même que quelques kilomètres. Ça me fait chaud au cœur. Ce voyage dans les Balkans m’aura définitivement redonné foi envers les Italiens en matière d’auto-stop !
Et enfin, à bord d’une vieille camionnette, un monsieur m’accueil chaleureusement. Il va en direction de Tirana, mais en passant par Elbasan. Parfait, je sais alors que mon périple sur ces petites routes de campagne est assuré de bientôt se terminer. Une nouvelle fois, sans même que l’on parle une langue commune, nous arrivons à échanger et à se comprendre grâce à nos mains et à quelques mots d’italien. Je comprends alors que ce monsieur est en fait sur la route pour rapporter son alcool fait maison à son fils qui tient un restaurant dans la capitale. Il a l’air d’apprécier ma compagnie et me propose même que l’on s’arrête pour boire une bière en terrasse. Il profite de la présence du serveur pour qu’il nous fasse interprète par l’anglais. Nous apprenons alors un peu plus l’un sur l’autre !
Finalement, c’est pour ce genre de rencontre que je fais de l’auto-stop. Les trajets en deviennent plus enrichissants ! Je suis déposé en périphérie d’Elbasan, la 4ème plus grande ville d’Albanie. Au bord de cette route au trafic dense, je me demande si les voitures lancées à cette vitesse sauront s’arrêter. Je tente tout de même ma chance, n’ayant pas d’autres choix. Forcément, la plupart des voitures me passe sous le nez sans pouvoir me voir à temps. Mais surprise, au bout de 5 minutes, une voiture freine et s’extirpe brusquement du trafic pour monter sur le trottoir. A son bord, un jeune homme et son père tout sourire m’accueillent. Et comme la chance ne vient jamais seule, ils sont Macédoniens et se rendent à Skopje la capitale, ce qui veut dire qu’ils passent par Ohrid ! Que rêver de mieux ?
Nous roulons maintenant sur la voie rapide entre Elbasan et la Macédoine du Nord. Cette partie de l’Albanie parait tantôt déserte, tantôt abandonnée avec de nombreux sites industriels à l’arrêt. Les deux hommes sont d’excellente compagnie, surtout le père, professeur d’histoire française, qui en profite grandement pour me faire la discussion et me poser pleins de questions. Je le trouve très enjoué, ça me ravie ! Et en plus de cela, il parle parfaitement anglais et français. Un trajet des plus agréables donc, et mon entrée enfin en Macédoine du Nord. Avant Ohrid, nous ferons un rapide arrêt à Struga pour manger un bout et profiter du joli cadre qu’offre les terrasses sur le canal qui traverse la ville. J’aurai vraiment passé un bon moment avec eux et qui plus est m’auront fait la moitié du trajet. Merci !
Il ne me reste alors plus que quelques kilomètres avant de rejoindre mon auberge des 2 prochaines nuits. Cette distance sera couverte par un 7ème et 8ème conducteur certes pas très bavards mais pour le moins sympa de m’avoir aidé. Il est 17h, j’arrive enfin à l’auberge située en pleine nature à quelques kilomètres au sud d’Ohrid. Perchée sur les hauteurs de la montagne, cette auberge offre un splendide panorama sur le lac d’Ohrid. Ce lieu est vraiment dédié à la détente, avec notamment le coucher de soleil qui ne se fait pas attendre. C’est tout simplement magnifique et reposant.
Samedi 24 août 2019 et dimanche 25 août 2019 – Ohrid, un repos mérité dans un merveilleux cadre après un périple de 2 500 km
Pour mes derniers jours dans les Balkans, ici à Ohrid, je n’ai rien de vraiment intéressant à raconter. Mes journées riment simplement à profiter de l’endroit et des petits plaisirs de la vie. Lire, manger, dormir et se baigner bien évidement, tant dans le lac d’Ohrid avec ses plages de galets qu’à la piscine de l’auberge. Et surtout, profiter des magnifiques couchés de soleil depuis cette dernière. Chaque soir, on voit en effet le soleil de l’autre côté du lac passer sous les montagnes, laissant paraître ses dernières chaudes lueurs dans le ciel et à la surface de l’eau.
Et pour ma dernière nuit, celle du dimanche soir, je me rapproche de l’aéroport en déposant mon sac dans une auberge au cœur de la ville d’Ohrid. Ici, je ferais la merveilleuse rencontre de 2 amies française, Jeanne et Maud, en voyage en Macédoine du Nord. Comme un symbole de mon voyage et de la première rencontre que j’ai faite au lac de Bled des 2 amies françaises Claire et Emeline. Il fallait au moins quelques bien heureuses coïncidences en ces 6 semaines de voyage.
J’aurai également beaucoup apprécié la très belle hospitalité du gérant de cette auberge qui a récemment ouverte. Il incarne ce petit plus qui fait que l’on se souviendra longtemps d’une auberge en particulier. Et rien que pour le revoir, j’aurai à cœur à revenir dans son auberge si je suis de nouveau de passage à Ohrid.
Lundi 26 août 2019 – Strasbourg, la fin d’un beau et long voyage dans les Balkans occidentaux
Ce matin-ci, le réveil sonne le dernier jour de mon voyage. Mon vol n’étant que tard dans l’après-midi et se faisant au départ de l’aéroport d’Ohrid qui se trouve à seulement quelques minutes de la ville, je peux encore profiter de cette nouvelle belle journée ici.
Je passerai donc les derniers moments de mon voyage avec Jeanne et Maud, tantôt en train de manger une glace, tantôt en train de visiter la ville, et tantôt à la plage. Ohrid est une ville sympa, dont le centre-ville est majoritairement piéton et pavé. Les bâtiments sont très anciens, bien conservés et témoignent d’une riche époque. Enfin, le bazar à connotation ottomane vient ponctuer l’animation de cette petite ville macédonienne. Un point amusant de la ville est que c’est la seule de mon voyage où ma gourde d’eau ne m’est pas utile. En effet on trouve très facilement à de nombreux endroits des points d’eau fraîche. Ma gourde peut donc rester à l’auberge.
Nous partons d’ailleurs en petite expédition vers la fameuse Eglise Saint-Jean de Kaneo, qui illustre dans 95% des cas la région d’Ohrid. C’est la photo la plus populaire donc et par conséquent certainement le lieu le plus visité des alentours. Et pour cause, le cadre est vraiment magnifique. De cette mini péninsule sur laquelle a été construite cette église, nous pouvons profiter d’une superbe vue sur tout le lac d’Ohrid et de ses montagnes qui l’entourent.
Et enfin, le moment arrive où je me dois de quitter Jeanne, Maud et Ohrid pour me diriger vers l’aéroport. Je tente pour ce faire un dernier petit auto-stop à la sortie de la ville. Et contre toute attente, mon pouce ne fait pas mouche et le temps presse. Je me dirige de toute urgence vers la station-service avec l’espoir de trouver quelqu’un pouvant m’aider à commander un taxi. Je ne trouve malheureusement personne maitrisant l’anglais et j’échoue à me faire comprendre par mes interlocuteurs. J’arrive à me démener tant bien que mal et un taxi fera son apparition dans les minutes qui suivent. Seconde frayeur, je me rends compte qu’il ne me reste plus que quelques denars macédoniens d’un montant inférieur à ce qui m’est demandé par le chauffeur. Mais sa générosité me sauvera et il décide tout de même de me conduire jusqu’à l’aéroport.
J’arrive à temps, l’avion Wizz Air est là et ne présente aucun retard. J’embarque dans l’appareil, direction l’aéroport de Bâle-Mulhouse…