Avant de commencer à lire ce premier article sur mon voyage dans les Balkans en 2019, allez lire mon article précédent dans lequel j’explique d’où m’est venu l’idée et comment j’ai préparé ce voyage.
Cet article est le premier d’une série de 3 articles dans lesquels je ferai le récit de mon voyage. Chacun des 3 articles sera le récit d’une période d’environ 2 semaines.
- De Strasbourg à la Slovénie
- De la Bosnie-Herzégovine au Monténégro
- De l’Albanie à Ohrid
Nous sommes le 15 juillet. Il est 8h30.
Je viens de finir mon petit-déjeuner. Je vérifie une dernière fois mon sac.
La porte de ma maison me fait face. Il est l’heure de franchir le pas.
Lundi 15, Mardi 16 & Mercredi 17 juillet 2019 – France, Allemagne, Autriche
Je me rends à la sortie de mon village. La frontière avec l’Allemagne ne se trouve qu’à quelques kilomètres.
Je regarde la route au loin qui s’enfonce dans la forêt. Au bout de celle-ci, je m’imagine Ohrid, dans 6 semaines.
A ce moment-là, ma maison n’est qu’à 200 mètres. Et Ohrid, à 2 000 kilomètres.
C’est ici que se dessine le début de mon voyage, symbolisé par mon premier pouce en l’air.
Et par les premiers refus qui ne tardent pas à arriver.
Ce n’est pourtant pas ce qui va me démoraliser. Je suis gonflé à bloc, prêt à lever et à relever inlassablement mon pouce pour avaler les kilomètres.
Les voitures sont peu fréquentes à la sortie de mon village, mais ce genre de situation ne rende l’auto-stop que plus efficace.
Mon premier chauffeur ne se fait pas attendre, et arrive au bout de seulement quelques minutes. C’est le début de ma grande aventure !
L’objectif de la journée est de rallier Munich, qui se trouve à 500 kilomètres de là. J’ai contacté Utkarsh la veille, un Couchsurfer qui a accepté de m’héberger pour 2 nuits. Je souhaite tout de même profiter de mon passage pour visiter la capitale bavaroise.
Il me faudra presque 10 heures pour arriver à Munich. Mon hôte indien m’accueille comme il se doit. Je passe un très bon moment avec lui à discuter et à déguster de véritables recettes du Sous-Continent.
À la suite de cette courte halte, je remercie Utkarsh pour son chaleureux accueil et reprends immédiatement la route pour me diriger vers Klagenfurt, une ville autrichienne à la frontière de la Slovénie.
Ce qui m’amène à cet endroit en particulier, c’est Nathan, mon voisin de quartier en Alsace. J’ai découvert avant mon départ qu’il effectuait un stage non loin de la Slovénie. Je ne pouvais manquer cette opportunité de le revoir au beau milieu de l’Europe.
La journée fut à nouveau longue, et se solde par des rencontres marquantes.
La première est celle d’un Serbe, vivant en Croatie, revenant de chez son fils expatrié en Suède et se rendant chez sa famille expatriée à Salzbourg. Une bien drôle d’histoire. Je suis honoré de rencontrer ce natif des Balkans. Je ne pensais pas en rencontrer un aussi tôt dans mon voyage.
La deuxième rencontre, c’est celle de Sarah, Jakob et Noah, un groupe d’amis originaires d’Allemagne de l’Est. Ils m’ont récupéré à la sortie d’une station-service au niveau de Salzbourg, et m’ont fait traverser l’intégralité des Alpes autrichiennes jusqu’à la frontière avec la Slovénie. Assis à l’arrière de leur chaleureux van Volkswagen, je discute longuement avec Sarah qui me partage son engouement pour mon voyage. Ils me déposent, et continuent leur chemin jusqu’à la Croatie qu’ils prévoient de visiter.
Les rencontres vont si vite. En un instant, je passe d’une solitude profonde sur une aire d’autoroute à un accueil enjoué dans un véhicule.
A Klagenfurt, la rencontre avec Nathan n’en est que surprenante. Retrouver mon voisin à 1 000 kilomètres de notre village en Alsace en venant en auto-stop, c’est fou.
Je suis heureux de partager cette courte soirée avec lui. Il me montre son lieu de stage, le travail qu’il a réalisé et toutes les beautés de Klagenfurt. Comme le grand lac par exemple, si agréable en cette fin de journée estivale.
Je profite de son ordinateur pour planifier ma nouvelle journée d’auto-stop qui m’attend. Cap sur les Balkans, avec la Slovénie pour commencer !
Jeudi 18 juillet 2019 – Slovénie, ma porte d’entrée dans les Balkans
Je décide de passer tranquillement par les montagnes et ses routes sinueuses, au détriment de l’autoroute et de son grand tunnel. Soucieux de vouloir contribuer à mon aventure, Nathan me dépose à la sortie de Klagenfurt et rempli mon sac de gaufrettes autrichiennes. 🙂
En seulement quelques secondes avec mon pouce levé, je fais ma première rencontre avec un Slovène. Il m’amène tout en haut de la montagne, et me fait passer la frontière.
Il maîtrise parfaitement l’anglais et la discussion n’en est que plus passionnante. Il me parle de son amour pour son pays et de sa fierté d’être Slovène. Quand je lui demande ce qu’il a à m’apprendre de ce pays que je ne connais pas, il me répond que ce sont avant tout de grands buveurs d’alcool, plus que partout ailleurs. Cela m’amuse, je verrais s’il dit vrai.
Outre cela, il me raconte qu’il fait bon vivre ici. Loin du stress et de la criminalité des pays occidentaux.
Il m’invite à prolonger notre rencontre autour d’un verre, et en profite pour me conseiller sur mon séjour en Slovénie, avant de se quitter. Cette rencontre avec cet homme fut exceptionnelle. Il a été si accueillant et généreux. La Slovénie me plaît déjà.
Déposé au bord de l’autoroute, il me reste encore quelques kilomètres à parcourir pour rejoindre Lesce, alors que les douze coups de midi n’ont même pas encore retenti.
Par conséquent, je prends mon temps. Je me balade dans la forêt, puis dans le petit village voisin. De là, j’aperçois un couple dans un verger. Je m’en vais les aborder, et me racontent en retour qu’ils cueillent des poires. Ne parlant pas vraiment anglais, ils appellent leur fille, Petra, qui m’accueille et me présente leur exploitation.
Elle me parle du tourisme en Slovénie, qui a véritablement commencé il y a seulement 5 ans. C’est une aubaine pour eux, qui ont alors commencé à proposer une chambre d’hôte dans leur corps de ferme. Avant que nous nous quittions, elle me fait goûter les délicieuses liqueurs qu’ils produisent maison. Une rencontre bien sympathique.
Quelques minutes de marche et d’auto-stop plus tard, j’arrive à Lesce près de Bled, où je passerai la nuit.
Vendredi 19 juillet 2019 – Lac de Bled, une des plus belles attractions de Slovénie
Le lendemain, cap sur le lac. L’auberge de jeunesse propose une navette gratuite pour nous y emmener. Je vais enfin découvrir ce paysage de carte postale si symbolique de la Slovénie.
J’arrive en plein centre-ville de Bled, et décide de m’y aventurer en me laissant guider par mon instinct. Au détour d’une ruelle, je croise un panneau de sentier indiquant le « Château de Bled ». Je ne savais même pas qu’il y en avait un. Je pars à sa découverte.
Arrivé en haut, perché sur les remparts, le lac se présente enfin à moi. La vue est imprenable, et résonne comme un nouvel objectif atteint.
La chaleur devient écrasante, je me dirige vers mon auberge du soir pour y déposer mon grand sac. Là-bas, je fais la rencontre de Jack, un Australien. Nous partons tous les deux pour une découverte plus minutieuse du lac.
Une rafraichissante baignade et une petite marche pour admirer l’un des plus beaux points de vue du lac plus tard, me revoilà à l’auberge.
J’y fais à nouveau une rencontre, celle de Claire et Émeline, deux amies qui se sont rencontrées durant leurs études à Lyon. Nous passons la soirée autour du lac dans une ambiance festive, où grillades, bières et concerts rythment notre rencontre entre Français. Leur sympathie et leur légèreté enchantent ma fin de journée.
C’est la première fois que je voyage en solitaire et à la « backpacker », et je dois avouer que des premiers coups de blues sont venus entacher le début de mon voyage. Lors de cette soirée, je suis heureux de pouvoir me livrer à ce sujet avec Claire et Émeline. Un climat de bienveillance et de compréhension me met du baume au cœur.
Samedi 20 juillet 2019 – Lac de Bohinj, encore plus profond dans les Alpes
Le lendemain est à nouveau synonyme de nouvelle destination. Je quitte les filles pour rejoindre Bohinj à seulement 30 minutes de Bled. Niché encore plus au cœur des Alpes, Bohinj est un lac qui se révèle être plus grand que son prédécesseur.
La route étant un cul-de-sac, il ne me faut que quelques minutes pour trouver à nouveau des Français qui m’amènent à destination. Je dépose mon sac à l’auberge, et pars directement rejoindre le lac.
Les touristes sont toujours présents, mais sensiblement moins nombreux. L’ambiance n’en est que plus agréable. Je décide de me diriger vers les petites gorges de Mostnica qui promettent une longue et apaisante randonnée.
En arrivant à l’entrée du site, une voix m’interpelle. « Hey Victor ! ». Je me retourne. C’est Jakob et Noah, les deux Allemands qui m’ont pris en stop de Salzbourg à Klagenfurt. On pourrait croire que je suis en train d’écrire un scénario de film. Mais non. Cette sacrée coïncidence est bien réelle.
J’ai du mal à réaliser, d’autant plus qu’ils m’avaient dit qu’ils allaient en Croatie. Mais le charme des Alpes slovènes les a apparemment retenus ici. Nous discutons un instant, et découvrons que nous avons le projet commun d’aller à Ljubljana le lendemain. Ils me proposent alors de faire le chemin ensemble en m’y emmenant. J’accepte sans hésitations, je suis aux anges. Enfin un peu de prévu, dans ce voyage rempli d’imprévus.
Leur numéro de téléphone pris, je continue mon chemin. L’eau qui coule dans cette petite gorge est si pure, si rafraîchissante. Et le son qui s’en dégage rend la marche relaxante. Au bout de cette balade, je tombe sur une cascade, nichée dans la forêt, qui alimente cette petite rivière.
De cette journée chaude, ensoleillée et très utilisatrice de mes jambes, je rentre lessivé à l’auberge pour une bonne nuit de sommeil.
Dimanche 21 juillet 2019 – Ljubljana, bien accompagné par les Allemands
Il est 12h00, Sarah, Jakob et Noah sont à l’heure. De retour à l’arrière du van, je reprends une discussion passionnante avec Sarah.
Nous arrivons en un temps record à Ljubljana, où je découvre par la même occasion que nous partageons une passion commune avec Jakob : le basket. A la différence qu’il a joué en haut niveau, en Bundesliga, et moi… en amateur, au niveau départemental. La balle en main, nous partons à la recherche d’un terrain de basket.
Amateur de « gettho », Noah nous emmène dans un lieu qu’il a repéré sur internet. Baptisé « ROG », cet endroit pas comme les autres m’intrigue beaucoup. J’ai du mal à mettre des mots sur ce lieu. Cela ressemble à une grande cour intérieure, entourée de bâtiments abandonnées, le tout aménagé en lieu communautaire et artistique. On trouve toute sorte de choses, comme une voiture complètement cassée de l’ancienne Yougoslavie, ou encore… un panier de basket !
Quelques centaines de shoots plus tard, je pars rejoindre mon auberge, à l’autre bout de la petite capitale. Je remercie Noah et Jakob pour leur aide et les bons moments passés ensemble. Sarah, elle, se joint à moi.
Elle profite de ma présence pour s’extirper du groupe. Elle me confie qu’elle souhaite visiter la ville, que l’endroit dans lequel nous étions ne lui plaît pas. Nous partons donc à la découverte de Ljubljana.
La pluie nous amène rapidement dans un café, où nous buvons un verre autour d’une discussion remplie d’histoires et de confidences. Sur cette excellente note, je quitte Sarah et prends la direction de mon auberge pour une bonne nuit de sommeil.
Lundi 22 juillet 2019 – Ljubljana, les retrouvailles avec Claire et Émeline
Le levé du soleil sonne le début d’une nouvelle semaine. Nous sommes lundi. Je repars à la découverte de la capitale.
Ljubljana est une ville que j’apprécie déjà beaucoup. Le centre-ville est calme, l’environnement est vert. Il est vraiment agréable de s’y promener.
Au détour d’une rue, je tombe sur une librairie, annoncée comme la plus grande de Slovénie. En même temps, ça ne doit pas être si difficile. J’en ressors avec un nouveau livre à la main pour m’accompagner durant mon voyage.
Le soir venu, je retrouve Claire et Émeline, comme nous nous l’étions promis. Je suis heureux de les revoir. Nous partons manger dans un restaurant bosnien, histoire d’avoir des premières saveurs de ma prochaine destination.
Je suis surpris de leur carte, qui ne propose rien d’autre que de la viande. Même pas un accompagnement ! Mais peu importe, on se laisse séduire, et c’est un délice. Quelques verres d’alcool maison finiront cette agréable soirée entre Français. Le réveil est programmé, nous nous retrouverons encore le lendemain matin.
Mardi 23 juillet 2019 – Ljubljana, à nouveau Claire et Émeline puis Nathan et ses amis
Nous nous retrouvons à 11h pour une visite guidée de Ljubljana. Cette visite est basée sur le principe du « Free Walking Tour » : la participation est gratuite et le pourboire fortement recommandé. C’est un système populaire qui satisfait tout le monde.
La visite fut sympathique, à l’image de notre guide plein d’énergie. Le soleil nous pousse vite à nous retrancher au grand parc une fois le tour fini. De là, nous profitons du calme à l’ombre des arbres.
Claire nous quitte quelques instants pour parler à l’un de ses proches au téléphone. Nous profitons avec Émeline de cet instant pour échanger sur nos vies.
Le soleil se couche, nous profitons de nos derniers instants tous ensemble pour déguster une pâtisserie locale au bord de l’eau.
Je pars aussitôt rejoindre mon voisin Nathan, qui est de passage à Ljubljana avec ses amis pour un petit road-trip dans les alentours.
Je passe à nouveau un très bon moment entre Français, à boire des coups en terrasse et à déguster à nouveau des spécialités bosniennes.
Lors de cette soirée, je prends plaisir à discuter avec Pierre, l’un des amis de Nathan. Il semble intéressé et admiratif de mon voyage. J’en suis tout flatté.
Il me confie qu’il est quelqu’un de plutôt timide. Selon lui, ce genre de voyage au contact des gens pourrait lui être bénéfique. Mais malheureusement, il pense qu’il n’oserait pas se lancer.
Discuter avec lui est vraiment intéressant et très enrichissant. J’espère qu’il aura le courage un jour de se lancer, car l’aventure est belle… Nous nous quittons sur ces bonnes paroles.
Mercredi 24 juillet 2019 – Postojna, la forêt en surface, les grottes dans le fond
C’est un nouveau jour qui se lève dans mon voyage, et qui sonne mon retour sur les routes, armé de mon pouce. Je me rends aujourd’hui à Postojna, une petite ville au sud-ouest de la Slovénie bordée d’une immense forêt qui serait le refuge des ours bruns. Elle est également connue pour avoir certaines des plus belles grottes d’Europe. Il fallait absolument que j’y jette un coup d’œil.
Je suis à la sortie de Ljubljana, posé sur une bretelle d’entrée d’autoroute. Au bout de quelques minutes, un camion de la poste slovène s’arrête à ma hauteur. D’abord dans l’incompréhension, je suis en fait surpris de découvrir que c’est une invitation à monter à bord du véhicule.
Perché dans sa cabine, je rencontre le chauffeur, un Croate vivant en Bosnie-Herzégovine. Il travaille en Slovénie pour y avoir un meilleur salaire bien évidemment, mais aussi pour tout simplement avoir un travail. Il me raconte que la situation est difficile en Bosnie-Herzégovine et qu’il n’est apparemment pas facile d’y trouver un emploi.
Il me dépose à mi-parcours, à Logatec. Je décide de ne pas retourner sur l’autoroute et de finir en passant par de petits villages. Un bar du coin me remplit généreusement ma gourde pour pouvoir repartir de plus belle en expédition.
Les voitures se font rares sur cette route, je m’y attendais. Une voiture s’arrête une vingtaine de minutes plus tard. Je suis émerveillé en voyant que je vais faire un bout de trajet en Zastava 600, la voiture typique de l’ère yougoslave. J’avais auparavant découvert cette voiture dans un musée de Ljubljana. Et me voilà à présent à son bord.
L’heureux propriétaire est un Slovène âgé qui ne parle malheureusement pas anglais. Mais je ressens tout de même toute sa bienveillance et sa sympathie pour ce court trajet.
Deux trajets supplémentaires, en camionnette de chantier puis en berline, me suffiront à rejoindre Postojna. Je prévois d’y passer la nuit en auberge et de tranquillement profiter de cette petite ville de 10 000 habitants. Le soir tombé, je m’immerge dans l’ambiance locale de la place centrale. A l’image de mon auberge vide, j’ai l’impression d’être le seul étranger ici.
Jeudi 25 juillet 2019 – Postojna, une journée tellement riche
Le soleil se lève, c’est parti pour visiter les grottes de Krizna. La visite commence à 11h, et j’ai 1h30 devant moi pour y parvenir. L’auto-stop commence excellement bien, profitant des personnes se rendant au travail.
Mais je tombe rapidement à contre-sens de ce mouvement favorable, les caves se trouvant dans un endroit isolé. Le temps urge, la route dans mon sens est vide. Je perds l’espoir d’y arriver à l’heure. Jusqu’à qu’un couple âgé arrive et s’arrête, et m’annonce qu’ils me déposent à la grotte. Je ne quitte pas ma montre et mon GPS des yeux.
Une fois déposé au début d’un chemin de terre, il ne me reste plus que 5 minutes et 1 kilomètre à parcourir à pieds pour rejoindre l’entrée de la grotte. Et fort heureusement, j’arrive tout pile à l’heure. Je suis le dernier à acquérir un ticket. Courir ne m’aura pas servi à rien !
Pour la visite de la grotte, nous sommes équipés de bottes anti-dérapantes et de lampes-torches à batterie autonome. La visite sera en effet spéciale, car aucun aménagement n’a été fait par l’homme à l’intérieur de cette grotte. Pas même de lumières.
Nous rentrons dans l’antre, et marchons prudemment en file indienne. La visite est merveilleuse. Je me sens comme un explorateur, et non pas comme un visiteur. Les cavités sont immenses, nos voix résonnent.
Un petit trajet en bateau gonflable sur le petit lac de la grotte ponctuera notre visite. Tout simplement magique.
A la sortie, je pars directement en randonnée pour rejoindre un petit sommet. Cette fois-ci, je fais le mauvais choix. Car la chaleur devient écrasante, et ma gourde est maintenant vide depuis un certain temps.
Je puise dans mes forces et finis tout de même par arriver à ce sommet qui m’offre une vue sensationnelle à 360° sur toute la forêt qui m’entoure.
En redescendant, je passe par un petit hameau où se trouve seulement 3 maisons. Coup de chance, j’aperçois quelqu’un sur sa terrasse et m’empresse d’aller lui demander de l’eau. Mieux que ça, Jože me propose de m’installer et m’offre une bière. Je suis surpris de découvrir qu’il ne se débrouille pas trop mal en anglais, et notre discussion va bon train.
Je le quitte au bout d’1h30, pour la suite de mon aventure. Il me propose de me ramener jusqu’à la route asphaltée avec sa voiture. Nous passons alors par un chemin de forêt. Puis dans un virage pris rapidement, sa voiture glisse et percute la roche. Je crois que nous avons trop bu pour le coup.
Je suis déposé sain et sauf sur la route principale. Je remercie Jože et arme à nouveau mon pouce. Je me dirige à présent en direction de Pivka pour rejoindre Martin, un hôte Couchsurfing que j’avais contacté il y a quelques jours. Je lui avais demandé s’il pouvait m’héberger l’histoire de quelques nuits. Et sa réponse fut pour le moins surprenante.
Il m’a expliqué que pour les dates où je souhaitais le rencontrer, il avait prévu d’aller avec sa copine et un ami randonner dans les Alpes slovènes, et y passer la nuit de samedi. Avant de rajouter « Je t’invite à te joindre à nous. Tu es partant ? ». J’ai trouvé sa proposition tellement chouette que j’ai directement accepté.
Il m’a donc proposé de le rejoindre dès ce soir, à l’endroit où il sera en train de faire une répétition avec son groupe de musique.
L’auto-stop est efficace et je rejoins en deux temps trois mouvements le lieu du rendez-vous. J’atterris dans une petite ruelle, où je repère le numéro de maison qu’il m’a donné sur la façade d’une vielle petite bâtisse. Je suis étonné, mais décide de pousser la porte.
Je me retrouve dans leur studio aménagé, pendant qu’ils sont en train de jouer et de chanter. Je reconnais Martin, au fond de la salle. Leur musique est si émotive que le moment en devient magique. Ils n’ont pas l’air étonné de ma présence et continuent leur musique comme si de rien n’était. Pas de problème pour moi, je profite de l’instant et de leur musique que j’apprécie beaucoup.
On se retrouve quelques minutes plus tard pour se saluer et boire des bières ensemble. Nous faisons connaissances, avant de rentrer à la maison avec mon hôte.
Martin est un homme qui mène une vie que l’on pourrait qualifier de « simple ». Employé municipale s’occupant des espaces verts, c’est aussi un excellent joueur de guitare qui aime se retrouver très régulièrement avec ses amis.
Il me présente la chambre que j’occuperai pour quelques nuits. Il est d’une indéniable générosité. Je le remercie tellement, avant que nous partions nous coucher.
Vendredi 26 juillet 2019 – Pivka, un moment de repos et de détente
Je me réveille seul dans la maison, Martin est parti travailler tôt. Le départ pour les Alpes est prévu le lendemain. Je profite de cette matinée pour me reposer et simplement me promener dans les alentours.
Je retrouve Martin en fin de journée. Il souhaite rejoindre ses amis à une fameuse « rivière ». Je me joins à lui.
Nous parcourons une route sinueuse de forêt, sans que je n’aie la moindre idée d’où il m’emmène. Comme promis, nous arrivons au bord d’une rivière. L’emplacement est en fait aménagé, c’est un vrai repère de locaux. Plateforme flottante, liane de tarzan, barbecue en pierre, banc, places de parking et même Wi-Fi. Tout a été prévu pour se baigner et passer de superbes soirées d’été.
L’ambiance va bon train. Je partage ce moment avec Martin et ses amis. Et comme souvent en Slovénie, la soirée se finit bien alcoolisée.
Samedi 27 juillet 2019 – Parc National du Triglav, au cœur des Alpes slovènes
Après une bonne nuit de sommeil, nous partons en direction du Parc National du Triglav au cœur des Alpes slovènes. L’idée est de randonner jusqu’à un chalet bien niché où nous y passerons la nuit, puis de faire le retour le lendemain bien évidemment.
Nous passons d’abord à Ljubljana pour récupérer Max, l’ami de Martin. Au moment de le rencontrer, je me dis que je connais ce visage. En effet, je lui avais envoyé une demande Couchsurfing quelques jours plus tôt, qu’il avait décliné. Martin et Max sont en fait tout deux féru de ce réseau social !
La voiture garée aux abords du parc, nous partons pour une randonnée de près de 5 heures. Le paysage est fabuleux, si vert et si brut. Je profite énormément de cet instant privilégié avec des slovènes que je ne connaissais pas il y a encore quelques heures.
Chose amusante, ce ne sont en fait pas des habitués de la randonnée. Je les distance vite, mais je me dis que c’est mieux que ce soit moi qui les attende plutôt que l’inverse qui m’aurait bien embêté. 🙂
Nous passons par tous types de paysage. Des petits lacs au creux des montages, des petites cabanes rassemblées sur un plateau, des vaches qui se baladent librement. Des arbres très hauts aux arbustes rabotés par le vent.
Avec Max, j’en apprends plus sur l’histoire de la Slovénie. Il en est passionné, et me raconte le temps de la Yougoslavie et du communisme. Je ressens un brin de nostalgie, mais tout de même une fierté que son pays ait pu rapidement devenir indépendant et rejoindre l’Union Européenne dès 2004. La Slovénie a su sortir son épingle du jeu, et être aujourd’hui aussi bien développée que les pays occidentaux, très loin de l’instabilité et la pauvreté des autres pays de l’ancienne Yougoslavie.
La fin se rapproche, il ne nous reste plus qu’une dernière étape à franchir. Et quelle étape ! Nous arrivons sur le haut d’une falaise, avec une vue incroyable sur des dizaines de kilomètres de montagne. Nous apercevons le chalet en contrebas, à côté de son héliport. Il ne nous reste plus qu’à descendre bien prudemment cette falaise vertigineuse.
La journée se finit bien au chaud dans la salle à manger. Une soupe de choucroute aux pois-cassés et à la saucisse fumée, une spécialité locale, nous réconforte de nos efforts. Il est 22h, et tous les randonneurs sont déjà au lit.
Dimanche 28 juillet 2019 – Pivka, retour chez Martin
Se réveiller, regarder par la fenêtre pour admirer le paysage et vite se rendre compte qu’il va pleuvoir toute la journée. Ce jour aurait pu bien commencer, mais la pluie qui s’abat me tourmente.
Nous partons engloutir le petit-déjeuner mesuré avant de se préparer pour repartir faire chemin inverse jusqu’à la voiture.
Nous marchons péniblement sous cette pluie qui nous trempe et qui ne fait que nous alourdir. A mi-distance, Martin et Max rencontrent un homme sur le parvis de sa petite cabane. Je ne comprends pas le slovène, mais on me fait signe de les suivre. Nous sommes invités à nous réchauffer dans sa cabane.
Quelques tasses de cafés, et d’alcool maison bien évidemment, plus tard, nous reprenons notre chemin.
Nous sommes heureux de retrouver enfin la voiture et de nous mettre à l’abri. Nous ramenons Max à Ljubljana, et partons manger une pizza bien généreuse dans le restaurant du coin.
Durant mon séjour en Slovénie, j’en aurais mangé de la pizza. Les Slovènes en raffolent et la majorité de leurs restaurants en proposent. Qui plus, elles sont presque tout le temps cuites au feu de bois.
Pour exemple, nous sommes dans un restaurant mexicain, qui propose logiquement pleins de spécialités du Mexique. Mais on peut aussi y manger une pizza au feu de bois. Je trouve cela amusant.
Nous rentrons ensuite chez Martin, où nous faisons encore un rapide passage à un repas de famille. Même si je ne connais personne et que je pourrais me sentir intrusif, je suis merveilleusement accueilli et on ne cesse de me proposer à boire et à manger. L’hospitalité des Slovènes n’est décidemment plus à prouver…
Je dors une nuit supplémentaire chez Martin, avant de partir le lendemain matin.
Lundi 29 juillet 2019 – Ljubljana, point de départ pour la Bosnie-Herzégovine
Je fais mes aux revoir à Martin, avec qui j’aurais passé plusieurs journées émerveillant au cœur de la vie d’un Slovène. C’est une chance et un honneur de l’avoir rencontré. Grâce à lui, à sa famille et à ses amis, je garderai un souvenir impérissable de ce pays.
Depuis son village, je prends le train pour Ljubljana, où je patienterai jusqu’au soir pour monter dans le bus qui m’amène en Bosnie-Herzégovine. A suivre…