Le tour d’Alsace en auto-stop d’Amaury

Au détour d’un groupe Facebook en octobre 2018, j’ai croisé le post d’Amaury recherchant des hôtes pouvant l’héberger à l’occasion de son tour d’Alsace en auto-stop. Trouvant l’idée géniale, je le contacte pour lui communiquer mon admiration vis-à-vis de son projet.

En décembre 2018, à l’occasion des vacances qui approchent et de ma série d’article sur mon séjour 2018 aux Açores qui arrive à terme, je me mets en quête d’un nouveau sujet pour mon blog.

A ce moment-là, je repense à Amaury, ainsi qu’à des amis qui ont réalisé d’extraordinaires voyages. Et il se trouve que j’adore quand les gens me racontent leurs expéditions.

Jusqu’à présent, je n’ai fait qu’écrire des récits ou des articles conseils sur mon blog. Il y a pourtant tant d’autres formats à explorer. Je me lance alors dans l’un des plus classique d’entre eux, et sûrement le plus enrichissant : l’interview.

Nous nous sommes retrouvés dans un bar à Strasbourg avec Amaury pour échanger sur notre passion commune pour le voyage, et notamment sur son tour d’Alsace en auto-stop. En voici la retranscription.

Une enfance qui a forge son être et ses aspirations

Victor (moi) : Salut Amaury ! J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé de page Wikipédia sur ta personne. Alors c’est à toi, je te laisse te présenter.

Amaury (notre invité du soir) : Woah, je n’aime pas quand on me dit ça, je ne sais pas par où commencer. Mais en réalité je suis préparé à ce genre de question vu que je recherche un emploi actuellement.

Alors j’ai grandi dans un petit village alsacien de 1 500 habitants. J’avais mon groupe d’ami, et étant donné que la forêt nous entoure, on adorait y aller et y construire des cabanes. Du coup j’étais souvent à l’extérieur, au contact de la nature.

J’ai commencé le lycée avec une seconde générale pour ensuite me diriger en STI2D. Mais je me suis rapidement rendu compte que ça ne me plaisait pas. Je me suis alors réorienté dans un lycée agricole, pour être plus proche de la nature… et loin des laboratoires.

J’ai continué avec un BTS en métiers de l’eau, puis j’ai fini avec une licence professionnelle en protection de l’environnement spécialité gestion de l’eau.

Il y a 1 an et demi, j’ai commencé à m’intéresser à la photographie. Au début je m’amusais avec mon téléphone portable, à toucher aux réglages et tout ça. Et puis j’ai rapidement acheté mon premier appareil photo. Jusqu’à aujourd’hui où j’ai maintenant du matériel semi-professionnel.

Du coup tu le sais déjà, je suis également un passionné de voyage. Et en fait, j’allie facilement cette passion avec la photographie.

Victor : Eh ben, je ne m’attendais pas à tout ce récital. Je suis très content que tu te sois exprimé aussi longuement et aussi librement.

Qu’est ce qui t’a donné envie de te lancer dans l’aventure de la photographie ?

Amaury : Comme je l’ai dit avant, j’avais déjà mon portable et j’ai pu tester ce que c’est la photographie. J’ai simplement eu envie d’en faire plus, de travailler avec du matériel plus poussé.

Je pense que j’ai toujours été sensible à l’image aussi, et à ce qu’on pouvait raconter avec. Ça vient de mon enfance, où j’adorais contempler ce qui m’entourait par exemple.

Tout est relié à ma sensibilité pour la nature en fait. Parce que les photos que je fais aujourd’hui, c’est majoritairement ça.

Victor : Finalement, tu dirais que tu es plus passionné de photographie ou de voyage ?

Amaury : De voyage. La photographie c’est quelque chose de tout récent, et je n’aime pas qu’on parle de « passion » pour ça. Pour moi une passion, c’est quelque chose que tu as depuis longtemps, qui t’imprègnes vraiment. Je parlerais plutôt de passe-temps ou de loisir pour la photo.

Victor : En fait, si on veut imager la chose, on pourrait dire que le voyage c’est comme le plat principal, et la photographie c’est l’accompagnement. Et en plus de cela, ça permet de raconter tes aventures. Non ?

Amaury : Oui totalement !

Victor : Pourrais-tu me dire quels sont les types de séance photo que tu fais ? Par exemple j’ai vu que tu en avais fait pour certains événements, mais il y en a aussi où tu photographie des oiseaux, tes balades…

Amaury : Alors concrètement, on va dire que je tourne autour de 4 thèmes principaux.

Il y a les animaux, particulièrement les oiseaux.

Les paysages, tout simplement. Quand je me balade, quand je vais en randonnée, quand je voyage…

Je photographie également des événements comme des mariages. Ou récemment on m’a demandé pour le forum Alsace Tech à l’INSA par exemple.

Et puis bien évidemment les personnes, les potes !

Victor : Il y a-t-il LA photo que tu affectionnes particulièrement ?

Amaury : Ah oui, sans hésiter :

Cette photo a toute son histoire d’ailleurs. En fait tu peux penser que c’est du brouillard cette couche blanche, mais pas du tout.

Quand tu fais une photo de nuit, tu dois stabiliser ton appareil photo pendant un certain moment. Mais vraiment longtemps. J’étais sur la route à ce moment-là, et une voiture arrivait. Mais il me restait 20 secondes de capture.

Alors j’ai vraiment attendu le dernier moment pour m’enlever de la route, et voilà le résultat. Le « brouillard », c’est du flou, c’est une partie que l’appareil n’a pas eu le temps de bien capturer. Avec la lumière des feux de la voiture, ça donne ce résultat auquel je ne m’attendais pas, mais qui est si parfait.

Victor : Tout comme de grandes inventions ou de grandes découvertes, ça vient du hasard. Et puis finalement ça en fait de belles histoires !

 Alors j’ai également vu que tu es bénévole dans deux associations, peux-tu m’en dire plus ?

Amaury : Ça a commencé par une amie qui m’a invité à rejoindre le Conservatoire des Sites Alsaciens. J’ai donc participé à quelques chantiers dont le but était de renaturer des sites naturels.

Franchement je trouve ça incroyable cette dynamique de travailler gratuitement. Tu échanges de ton temps, sans rien attendre en retour. Je trouve ça vraiment puissant.

Ensuite je me suis inscris à la Ligue Protection des Oiseaux, parce que… J’adore les oiseaux. Je fais souvent des clichés d’oiseaux et en fait ça les aide à inventoriser leur présence.

Et il y avait aussi à Marseille l’Equitable Café. C’est un café tenu par des bénévoles, et j’ai apporté mon aide au bar. J’y allais souvent, et j’ai fait d’excellentes rencontres ! Il y avait pas mal de concerts le soir, c’était sympa. Vraiment une superbe expérience, je ne l’oublierais jamais !

Victor : J’ai vu que tu as récemment lancé ton propre blog voyage. Peux-tu m’en dire plus et m’expliquer pourquoi tu as souhaité en crée un ?

Amaury : Je dirais tout simplement pour avoir ma plateforme personnelle, où c’est moi qui gère. En fait, je n’aime pas Facebook. J’ai une page, mais j’ai vite arrêté de l’alimenter. La plateforme n’est pas adaptée pour poster des photos.

Alors j’ai Instagram, qui est mieux, mais toujours pas aussi modulable, je me sens trop restreint.

Il n’y a que sur mon blog que je peux écrire un texte, et intercaler des photos entre, là où je le souhaite.

Victor : Là je te rejoins totalement. Et sur ce point je suis personnellement vraiment absent des réseaux. Il faudrait que je m’y penche, notamment Instagram.

Un tour d’alsace en auto-stop pour découvrir sa région

Victor : Tu as donc fait un petit tour d’Alsace en auto-stop. Qu’est ce qui t’a donné envie de faire cela ?

Amaury : A ce moment-là je venais de revenir de Marseille, où j’avais donc fait mon stage pour mon BTS. Mes études étaient donc finies et j’avais tout mon temps devant moi.

J’adore partir à la découverte de l’Alsace, et j’avais également envie de m’essayer à l’auto-stop. Je voulais savoir que je valais, ce qui était possible, avant de voir plus grand et de faire un tour de la France par exemple.

Ce petit tour s’inscrivait également dans la continuité de mon tour d’Alsace à vélo que j’avais fait il y a 3 ans de cela maintenant.

Victor : Comment as-tu organisé ce voyage ? Que ce soit sur le choix de tes destinations, la distance à faire chaque jour, le lieu où tu dors etc…

Amaury : Eh bien justement, je n’ai rien organisé ! Outre le fait que j’ai demandé à des personnes si elles pouvaient m’héberger durant mon tour d’Alsace. J’aurais alors réalisé le trajet selon les endroits où l’on m’accueillait.

Pour les endroits où je n’avais personne, je pensais faire du porte-à-porte pour trouver un endroit où dormir.

En tout cas je préfère vivre les choses « à l’improviste ». Si tu t’organises, tu te limites et tu ne fais pas ce que tu as envie de faire.

Par moments, quand je faisais de l’auto-stop, j’allais là où les gens allaient. Je n’avais pas de destination précise et je me laissais guider.

Victor : En parlant de destination, j’ai vu que tu avais pris une ardoise sur laquelle tu notais la ville !

Amaury : Oui comme un écolier !

Victor : Alors expliques nous l’itinéraire que tu as fait, où est ce que cela t’a emmené ?

Amaury : Je suis parti de chez moi, je me suis dirigé vers le Nord avec Strasbourg puis Brumath. Ensuite je suis redescendu par l’Ouest avec Molsheim, Obernai. Et enfin j’ai changé de département jusqu’à aller à Riquewihr, où ce tour s’est prématurément fini.

En fait je n’ai pas vraiment réussi ce tour d’Alsace, car arrivé à Riquewihr, donc au tiers du tour, j’ai dû abandonner. Il pleuvait pas mal, je n’avais pas de logement et il se faisait tard. Mon père est venu me chercher ce soir-là. Mais je retenterais, c’est sûr !

Victor : Avec tout cela j’aimerais que tu m’expliques pourquoi tu as décidé de partir seul ?

Amaury : J’aurais pu partir avec un de mes amis, mais ils avaient à chaque fois des empêchements. Donc j’avais le choix entre les attendre, ou me décider à partir. Sinon je ne l’aurais jamais vraiment fait.

En tout cas je ne suis pas parti seul parce que j’ai été « contraint ». J’aime partir seul, ce n’est pas un problème. Si j’avais été accompagné, ça aurait été un bonus.

Et puis quand tu es tout seul, tu es libre de toute contrainte. Quand il y a un choix à faire, c’est tout le temps toi qui prend la décision et qui fait donc les choses qui te plaisent.

Victor : Est-ce que tu t’es senti particulièrement en danger à un moment ?

Amaury : Non, jamais. Mais je dirais que c’est plus un sentiment d’impuissance si quelque chose venait à tourner mal. Tu es dans la voiture, et tu ne peux pas t’échapper comme ça.

La série de Question/Réponse rapide

Victor : Ta plus belle rencontre ?

Amaury : C’était une femme qui m’a pris en stop. Elle m’a raconté son projet qui était juste incroyable. En fait elle prévoit de partir au Vietman avec sa camionnette qu’elle a aménagée pour apporter de l’aide médicale aux gens. Mais pas dans le sens « donner des soins », mais plutôt pour les « former à soigner ». Dans ce sens-là, ton passage laisse une trace une fois que tu pars. Elle est là la différence.

Victor : Le plus beau village ?

Amaury : Riquewihr, le centre-ville est juste incroyable.

Victor : Le pire village ?

Amaury : Aucun.

Victor : Le pire trajet en auto-stop ?

Amaury : Aucun non plus.

Victor : Ta plus longue attente au bord de la route ?

Amaury : 45 minutes

Victor : La plus courte ?

Amaury : 2 minutes

Victor : Tes endroits préférés où te placer sur la route ?

Amaury : A l’entrée des ronds-points ou sur des lignes droites, pour que les gens aient le temps de réagir pour s’arrêter.

Un futur qui se dessine en France

Victor : Que dirais-tu aux gens qui ont peur de se lancer dans l’auto-stop ?

Amaury : Je pense que c’est juste une question de se lancer. Ça peut paraître con, mais tant que tu n’es pas sorti de chez toi, que tu n’as pas claqué la porte de ta maison, tu ne partiras pas. Ça m’a fait bizarre d’ailleurs de me retrouver à cet instant face à la route, et à me dire qu’il faut y aller.

Il ne faut pas réfléchir trop longtemps, et enclencher la machine. Va tout simplement dehors, et là ça peut commencer. C’est d’ailleurs faux de penser qu’il faut être prêt à 100% avant de se lancer, car ce ne sera jamais le cas.

Victor : Je suis tellement d’accord avec toi.

Alors, ce qui nous fait peur généralement quand on fait de l’auto-stop, c’est le rejet des personnes, celles qui refusent de nous prendre. Selon toi, que devrions-nous penser de la personne, comment devrions-nous réagir ?

Amaury : Je pense qu’il ne faut surtout pas les stigmatiser. Je comprends la réaction de ces personnes. Généralement elles ont peur de nous prendre, elles n’ont pas l’habitude. Dans notre société, nous sommes méfiants et distants des autres. C’est triste, mais c’est comme ça. Alors je n’en veux pas à ces personnes, et j’accepte leur refus… Même si au bout de 45 minutes ça peut devenir énervant.

Victor : Avant tu avais parlé d’un tour de l’Alsace à vélo, et j’ai vu sur ton blog que tu avais fait un trek au Hohneck.

Amaury : Oui donc il y a 3 ans j’ai fait ce tour à vélo de l’Alsace. Je me suis préparé un peu en faisant de grandes balades à vélo pour me mettre en conditions, puis je suis parti pour rejoindre Wissembourg et je suis descendu jusqu’à Altkirch. Vraiment le grand tour !

Et puis le trek au Hohneck c’était super. J’ai passé quelques jours là-bas, à faire pas mal de photos que l’on peut retrouver sur mon Instagram Photobiose (photographie animalière, les oiseaux !) et Curiosity photographie (compte principal) et sur mon blog Amaury Photographie, pour tous les récits également.

Victor : Dis-moi Amaury, j’adorerais connaître tes prochaines destinations et tes prochains projets.

Amaury : Pour moi, l’objectif ultime serait de faire le tour de France. On ne se rend pas compte à quel point on a un beau territoire, et j’ai vraiment envie de le découvrir. A pied, à vélo ou en auto-stop, ça ce sera à voir.

Sinon pour cet été je vise les Alpes. Je ne sais pas encore ce que j’y ferais exactement, mais ça se passera là-bas.

Et puis concernant l’Alsace je pense qu’il me reste à faire le tour à pied !

Victor : C’est vraiment rare que je rencontre une personne qui s’intéresse uniquement à la France et non à l’étranger.

Amaury : C’est vrai, je ne suis d’ailleurs jamais sorti de la France. Mais avant de voir ailleurs, j’ai vraiment envie de connaître mon pays dont je suis amoureux. L’Alsace et Marseille, ça représente énormément pour moi.

Bilan de l’interview

Sur le fait d’avoir l’idée de faire telle ou telle chose

Amaury s’est donc lancé dans un tour d’Alsace en auto-stop. Et on pourrait se demander d’où il a eu l’idée de faire ça. D’où vient le fait de se dire « tiens je vais faire de l’auto-stop » et surtout « je peux le faire, ça va marcher ! » ?

Personnellement l’idée de l’auto-stop m’est venue du livre Le tour du monde en stop de Ludovic Hubler, qui est Strasbourgeois d’ailleurs. Quand je me suis retrouvé aux Açores où j’ai fait mes débuts d’auto-stop, je me suis dit « Tiens, je pourrais faire de l’auto-stop. Ludovic l’a fait et ça a marché ! ».

La conclusion qui s’en dégage et sur laquelle on est tombé d’accord avec Amaury, c’est qu’il est bénéfique de s’inspirer. Il est bénéfique de voir et d’étudier ceux qui l’ont déjà fait et qui ont réussi.

Je peux également prendre l’exemple de mon blog. Cela faisait un certain moment que j’écoutais les dires et que je m’intéressais à Olivier Roland, le leader francophone dans le domaine du blog professionnel.

Sur le fait d’arriver à se lancer dans quelque chose

Je dirais que c’est le cas pour pleins de choses dans la vie. Pour mon blog par exemple, j’aurais pu attendre longtemps jusqu’à que je pense que tout est ok, le design, la description, les réseaux sociaux etc…

Mais finalement, le seul moyen « d’être prêt à 100% », c’est de se lancer, de recueillir les feedbacks… et ça se construit sur le chemin en fait, pas sur le point de départ. On commencera à apprendre que quand on se sera lancé.

Vous pouvez retrouver Amaury sur :

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